Compte-rendu ethnographique de l’espace de gratuité mobile Le Boomerang - n°1

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Sortie du samedi 4 septembre 2021 de 14h30 à 17h30 Paris XIXème.

À DÉCOUVRIR : d’autres articles du même type sur le carnet de recherche participatif Développement endogène et espaces de gratuité.

Photo de Tahar Bouhouia

Concernant les objectifs de l’action du samedi 4 septembre 2021 :

N’ayant pas assisté aux précédentes actions, je ne peux comparer. Il me semble que ce fut globalement une réussite par rapport aux objectifs fixés. En effet il s’agissait d’organiser un espace relativement grand avec une quantité importante d’objets, d’y faire venir suffisamment de personnes, de faire connaître le projet, de commencer à sensibiliser à l’échange non marchand et à l’utilisation d’un outil convivial. Ce fut donc un début satisfaisant : une grande diversité d’objets a été mise à disposition ( fournitures scolaires, livres, jeux vidéos, jouets, DVD, quelques habits, etc. ) dans le cadre d’un espace visible et bien organisé, les habitants sont venus relativement nombreux ( environ 40 personnes je pense, mais quand même essentiellement des enfants ( 5-12 ans ), ce qui s’explique aussi par le fait que l’espace se trouvait juste à côté des endroits ou ils jouent et qu’une majorité d’objets leur était destinée ), l’ambiance était agréable. Tout est parti très vite. Réaction des gens : étonnement ( tout âge confondu ), surprise, intérêt, joie, utilité. Certaines personnes se sont aussi intéressées au projet en demandant des explications, certains sont restés un moment à discuter avec nous. Certains nous ont félicités. Les enfants ne désiraient pas en savoir plus à partir du moment ou ils savaient que c’était gratuit.

Photo de Tahar Bouhouia

Concernant les objectifs plus généraux ( plutôt recherche ) du projet Boomerang :

Il s’agit aussi, tout au long de ce projet ( mais ce ne sont pas des objectifs immédiats comme les précédents ), d’interroger les représentations des habitants quant à l’espace dans lequel ils vivent ( frontières entre quartiers, entre habitants d’un même quartier, frontières entre les âges, impact d’un outil convivial sur la vie sociale, par exemple la violence, degré d’implication des habitants dans un projet destinés à être géré par eux, etc. ). Vis à vis de ceux-ci il n’est pas possible de faire beaucoup de remarques : cela ne peut se mesurer que sur le long terme ( d’ailleurs comment mesurer des représentations ? ). Toutefois, il convient de noter : concernant l’impact de cet outil sur la vie sociale, sur le degré d’implication ( ou engagement ) des habitants : quelques adultes ont demandé quand donner, quand cet espace sera remis en place, certains sont restés un moment pour discuter et partager leur vision de la vie quotidienne ( photographe avec ses deux enfants qui habite les tours, camerounais intéressé par les livres « scientifiques » qui a bien parlé avec Gustave et moi, tous les deux très heureux de nous trouver la ). Ce sont surtout eux deux qui m’ont marqué, après je ne sais pas si vous avez aussi parlé avec d’autres ?

Interroger les représentations sociales et géographiques, voire les transformer, cela ne pourrait faire l’objet de remarques que plus tard, après une certaine régularité des actions.

J’ajoute qu’une classe d’âge spécifique ( celle d’ailleurs qu’on essaie de viser ? ) n’est pas venue : 15-25 ans. Plusieurs de cet âge la qu’on croisé les deux jours précédents pour leur dire de venir ne sont pas venus. Comment les faire venir ?

Photo de Tahar Bouhouia

Remarques

Ces deux derniers paragraphes correspondent à ma « vue d’ensemble » de samedi.
J’ai quelques remarques plus pratiques, concernant l’organisation.

  • Il faudra, je pense, bien organiser le stock, car il y en aura forcément un minimum, d’autant plus si celui-ci doit être chiffré.
  • Il faudrait trouver une solution pour que les gens puissent donner. A moins qu’on ne permette les dons que lors des espaces de gratuité ?
  • Il conviendrait aussi, je pense, de trouver une solution pour bien séparer ce qui n’est pas à donner ( tous les enfants se servaient dans les deux cadis ).
  • Je pense, mais ce n’est vraiment qu’un petit détail, que les habits n’étaient pas mis en valeur, peut être faudrait-il les changer de place ? Le portant que la dame voulait donner aurait été pas mal par exemple.
  • Je ne suis pas sûr que cela soit une bonne idée de laisser tout le monde circuler au milieu des tables. D’un côté c’est plutôt bien car ça fait plus outil convivial mais en même temps, si il n’y avait que nous au milieu on serait bien repérables : si on l’est, les gens s’adresseront plus facilement à nous et cela permettra de bien expliquer le projet. Cela amène à la dernière remarque
  • Je pense que le projet n’a pas été compris par une grande partie des gens qui sont venus : ce n’est pas une distribution d’objets gratuits. Je ne dis pas que c’est forcément de notre faute : certains n’ont peut être cherché à comprendre. Cependant il conviendrait peut être de trouver des solutions pour que les gens puissent nous demander facilement, ou que l’on puisse engager la conversation avec eux, pour insister sur la convivialité et la gratuité, qui sont bien les deux objectifs centraux de l’action. Peut-être aussi faire une affiche ou l’explication écrite du projet soit plus visible.
  • C’est pourquoi l’idée de mettre en place un espace plus spécifiquement dédié à discuter, à s’asseoir, à prendre le temps, peut être intéressante. On pourrait même manger ou boire quelque chose à cet endroit ? Cela pourrait aussi servir pour les ateliers dont vous parliez.

Si j’ai écrit tout ça, c’est parce que je souhaite m’impliquer dans le projet ( dans la mesure bien sur du temps disponible dont je dispose ) : j’essaie de réfléchir à la mise en place concrète par rapport aux objectifs. J’espère que cela pourra être utile. Quoiqu’il en soit, mon impression, sentiment général, est que c’est un projet vraiment prometteur et encourageant ( pour moi ), que je soutiens carrément. J’espère que mes remarques seront lues dans cette perspective.

Photo de Tahar Bouhouia

Posté le 4 septembre 2021 par Charles Péchon